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Armoire à pharmacie
Recherche et progrès

Le rôle des nanotechnologies en pharmacie

Utiliser les nanotechnologies pour mieux traiter des maladies, ce rêve n'a rien d'une utopie. Il mobiblise des chercheurs du monde entier, avec déjà de premières réalisations concrètes.
 
L'unité de mesure a de quoi laisser perplexe: un nanomètre correspond à un milliardième de mètre. Un nano-objet mesure de 1 à 100 nanomètres, soit l'épaisseur d'un cheveu coupé en 50 000. Il est un peu plus grand qu'un atome, aussi grand qu'une protéine, une molécule d'ADN ou un virus, et cent à mille fois plus petit qu'une cellule.

Du diagnostic...

L'homme sait en fabriquer dans un but industriel (automobile, textile, bâtiment...). Il le fait également dans un but médical, à partir de matériaux organiques (lipides, protéines...) ou inorganiques (silice, argent...).

L’intérêt ? De par leur taille infiniment petite, les nanoparticules sont à l'échelle de leur cible et peuvent agir de façon directe sur les processus biologiques défaillants à l'intérieur des cellules malades. De plus, cette taille leur confère des propriétés (physiques, chimiques...) uniques qui peuvent être utiles en santé, par exemple pour diagnostiquer une maladie de façon à la fois plus facile, plus précoce, plus sûre et moins invasive.

Ainsi, les nanotechnologies permettent la fabrication d'instruments de diagnostic de la taille d'une puce de carte de crédit, capables de réaliser en quelques minutes un bilan détaillé à partir d'une seule goutte de sang.

Ces "laboratoires de poche" pourraient être utilisés au plus près des malades, à l'hôpital comme dans une zone isolée, pour détecter un infarctus du myocarde, une infection ou un cancer.

Toujours dans le domaine du diagnostic, le fait de combiner un appareil d'imagerie par résonance magnétique (IRM) avec des nanoparticules à base d'oxyde de fer améliore énormément le contraste des images obtenues, donc leur qualité et leur finesse.

De tels produits de contraste existent déjà. Ils sont utilisés pour dépister de façon plus précoce et plus précise certaines lésions du fois (tumeurs, métastases) et du tube digestif.

... au traitement

Les nanoparticules peuvent aussi être utilisées pour traiter la maladie détectée.

Des nanomédicaments existent déjà (voir point Nanos en pharmacie). De nombreux autres sont en phase de recherche. Ils utilisent notamment des nanoparticules pour encapsuler une molécule active, par exemple un anticancéreux ou un antibiotique. Cette encapsulation empêche le principe actif d'être dilué ou détruit par l'organisme et lui permet de franchir certains "filtres", comme la barrière hémato-encéphalique qui isole le cerveau. Les nanoparticules repèrent de façon spécifique les cellules malades (cancéreuses, infectées...) et leur délivrent de façon sélective le principe actif. Cette thérapie ciblée laisse espérer bien des progrès: réduction des doses de principe actif nécessaires et préservation des cellules non malades, d'où une diminution des effets secondaires et une amélioration de l'efficacité.

De nombreux nanomédicaments sont testés actuellement en cancérologie. Les chercheurs tentent aussi d'en mettre au point pour mieux soigner les allergies, la polyarthrite rhumatoïde ou encore la maladie de Parkinson.
La recherche est tout aussi active dans le domaine de la médecine régénératrice, qui consiste à réparer ou remplacer un tissu ou un organe malade : os fracturé, nerf sectionné, muscle cardiaque lésé... Autant de champs où la nanomédecine laisse espérer de grands progrès. Il reste néanmoins à s'assurer qu'elle ne présente pas, à long terme, de risques spécifiques.

Nanos en pharmacie

 Des produits de nanomédecine sont déjà en vente en officine, et notamment :

  • Des anticancéreux pour traiter des cancers du sein et de l'ovaire, dans lesquels un principe actif est encapsulé dans des couches concentriques de lipides ou de protéines
  • Des tests de grossesse qui utilisent des nanoparticules d'or pour capter les molécules de l'hormone de grossesse
  • Un médicament pour lutter contre les mycoses profondes, dans lequel une nanocapsule de lipides enrobe les molécules actives d'un antifongique
  • Des pansements rendus antibactériens grâce à l'incorporation de nanoparticules d'argent

Pour en savoir plus

Guérir avant d'être malade : les promesses de la nanomédecine, de Michèle Biétry, éditions Robert Laffont, 2011.